Réapprendre à fabriquer des produits que l’on ne savait plus produire …

… même dans le luxe ! Et pour une fois ce n’est pas grâce aux maisons de luxe qui telle Chanel, mènent des politiques actives pour préserver les savoir-faire artisanaux. Ce sont des laboratoires de recherche qui jouent les premiers de cordée, rappelant que la concurrence sur le marché mondial du luxe ne se gagne pas que sur la création ou la notoriété, mais aussi sur la production.  

C’est donc l’un des objectifs du projet Micro-D2 développé par trois laboratoires de recherche – Femto-ST, Utinam et ICB – des universités de Franche Comté et de Bourgogne avec le soutien de la Région Bourgogne-Franche-Comté, de l’Union européenne et de BPI France. 

Quand l’horlogerie s’est effondrée dans les années 1970, de nouvelles entreprises se sont développées sur la base des savoir-faire horlogers. La dynamique d’innovation qui irriguait alors l’industrie horlogère ne s’est pas tarie, bien au contraire, elle s’est « reconvertie.  

La recherche menée par des instituts de recherche publics tels que l’institut Femto-ST à Besançon, sur la micromécanique, des microtechniques et techniques de précision, initialement développée pour le secteur de l’horlogerie, a permis de développer des compétences en matière de haute précision, de miniaturisation et d’intégration de fonctions complexes avec de plus en plus d’intelligence.  

L’une des particularités des microtechniques est d’être incontournables pour de nombreux secteurs tels que la santé, l’aéronautique, le luxe (l’horlogerie, la joaillerie, la lunetterie), l’automobile, l’aérospatial/la défense, l’énergie, le numérique et la connectique. Associées à l‘intelligence artificielle, elles sont même devenues les piliers de l’Industrie du Futur, l’industrie 4.0.  

Pour revenir au projet Micro D2 ou micro-diamètre décolletage, Il faut savoir que le décolletage est un procédé d’usinage par enlèvement de matière dont l’histoire se confond avec l’histoire de l’horlogerie. L’idée de départ du projet Micro D2 était de réaliser des composants dans de nouveaux matériaux en tenant compte des contraintes environnementales actuelles : obtenir des produits plus légers, plus économiques, moins polluants, utilisant moins de ressources pour leur fabrication. 

La nouvelle technologie mise au point de décolletage permet désormais de réaliser de toutes petites pièces, très complexes, dans de nouveaux matériaux très spéciaux. Une économie substantielle se fait avec la suppression de tous les temps intermédiaires dus au transfert des pièces vers les différentes opérations qui étaient jusque-là nécessaires.  

L’une des compétences développées a également été « d’augmenter les compétences des machines industrielles». Confidentialité oblige, il est impossible d’en savoir davantage ! Mais en résumé, les technologies développées permettent de rendre des machines standards plus intelligentes et ainsi de réapprendre à fabriquer des choses que l’on ne savait plus produire. 

Et, tel un balancier, ce sont ces technologies développées dans l’aéronautique, les transports, la connectique, la santé … qui font aujourd’hui l’objet de transferts vers des activités liées au luxe.  

Rien que le laboratoire Femto-ST reçoit plusieurs sollicitations d’entreprises du luxe par mois, pour :  

  • découper ou graver du saphir grâce à des technologies laser, 
  • garantir une traçabilité du produit grâce à la maîtrise des nanotechnologies,  
  • que la poussière ou l’eau ne restent pas sur un bijou grâce à l’utilisation de nouveaux matériaux qui répondent aux normes environnementales REACH … 

Cet exemple illustre parfaitement la vitalité scientifique et technologique qui irrigue les territoires en régénérant les savoir-faire séculaires qui en animent les traditions. Le luxe en est le terrain d’élection ! 

 

 

2022-02-16T10:07:30+01:00

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