Une double culture de terroir et d’excellence

Après avoir reçu en 2023 le Prix de La plus belle entreprise familiale du monde », vous recevez cette année le Talent du Luxe et de la Création, sur la valeur du Bien-Être, qui distingue la qualité de vos créations mais aussi l’authenticité de la gouvernance qui a été saluée par le Jury.
Au cours de la Cérémonie, vous avez rappelé l’engagement de votre famille depuis 1808, date de la création de la Manufacture, pour innover, pérenniser et transmettre les savoir-faire créés. Pourriez-vous nous livrer le secret de votre longévité sur un secteur qui demeure ultra-concurrentiel ?
 

Notre histoire ne s’est pas tissée sur la continuité mais, à chacune des 8 générations qui se sont succédé, sur des innovations, parfois même des révolutions. Le « secret », s’il y en a un, a consisté évidemment à faire les bons choix… mais ce n’est qu’a posteriori qu’un choix se révèle bon ! 

Je me suis penché sur la question, tout récemment, avec une consultante et auteure spécialisée dans l’intuition, Victoria Pellé-Reimers. Il est apparu que notre famille, entre vignobles et manufacture d’art, est animée à la fois par une culture de terroir : on transforme ce que l’on trouve sur le territoire, et d’excellence : on cherche à faire fiable, durable et beau.

C’est cet état d’esprit qui a poussé mon grand-père Louis Brun, à l’âge de 17 ans, à redresser l’entreprise en pleine crise de 1929 par une nouvelle orientation qui mettait à profit son talent de Meilleur Ouvrier de France en tissage, les laines fines de notre région et les équipements de l’entreprise. C’est le même état d’esprit qui n’a jamais quitté mon père, Pierre Brun, dans son exploration des plus belles laines du monde. J’œuvre à mon tour pour poursuivre cette évolution vers l’excellence par une démarche interne de Mémoire des Savoir-Faire, par des investissements en matériels de pointe et en mettant le design au cœur de notre activité, en particulier par un partenariat de près de 10 ans avec la plus haute école française de design, l’ENSCI-Les Ateliers.

Le Centre du Luxe et de la Création a créé les Talents autour de valeurs il y a maintenant plus de vingt ans dans le souhait de mettre en lumière les acteurs qui font rayonner le luxe mais aussi de permettre à des créateurs et entrepreneurs partageant les mêmes valeurs du travail de la main et de l’excellence de se rencontrer. Et de ces rencontres naissent parfois de belles collaborations.
Qu’avez-vous retenu de cette journée qui était placée sous le thème des Talents engagés du Luxe ? Quelle rencontre vous a particulièrement marqué ?
 

Je suis très sensible au fait que le Centre du Luxe et de la Création, par cet événement et par ces Trophées, travaille au rapprochement de deux milieux, les métiers d’art et le luxe, fréquemment présentés comme opposés.

J’ai beaucoup vécu cette opposition en qualité de vice-président d’une grande interprofession de métiers d’art. Dans le cadre de ces rencontres, il était perceptible que les différences demeurent mais aussi qu’elles peuvent devenir des complémentarités et, peut-être, la source d’un positionnement ancré et durable pour le luxe lui-même.

A ce titre, la question de l’ « invisibilité » des créateurs a été abordée sans tabou, de même que la nécessité, pour ceux-ci, de se doter des compétences qui font les marques de luxe. Le Sommet du Luxe et de la Création était donc un lieu de fertilisation croisée très précieuse.

La rencontre la plus marquante pour moi était avec Vincent Grégoire, que je n’avais rencontré qu’une fois précédemment, du fait que cet expert à la position exceptionnelle d’observateur croit en nous, nous encourage et nous pousse à viser plus haut : c’est un message de confiance et une stimulation que je vais partager avec tous nos collaborateurs !  

2024-06-06T17:44:48+02:00
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