Recruter dans le luxe : style, créativité et jeunesse d’esprit2025-09-30T15:26:38+02:00

Synthèse des échanges 

Millie de La Valette, Head of Creative Talent Acquisition, Louis Vuitton.
Antoinette Lemens, CEO de Lemens & Partners, déléguée générale de l’Association Design Conseil.

Recruter dans le luxe :  style, authenticité et transmission

Dans un moment où les maisons de luxe renouvellent leurs directeurs artistiques comme jamais auparavant, Milie de la Vallette et Antoinette Lemens répondent aux questions essentielles suivantes : que recherchent les recruteurs du luxe, et quels profils incarnent aujourd'hui l'avenir de ce secteur ?  

Le style comme signature 

Dès le début de leur échange, Millie de la Valette (Talent Acquisition chez Louis Vuitton) et Antoinette Lemens (fondatrice du cabinet de recrutement Lemens Partners) s'accordent pour dire que dans le luxe, recruter ne revient pas seulement à identifier des compétences, mais à discerner un style. Un vrai style, reconnaissable, nourri par la culture, la curiosité et la capacité à se révéler à travers ses références et ses outils d'expression. 

Instagram, LinkedIn et les portfolios deviennent ainsi des miroirs : ils ne doivent pas seulement montrer un produit fini, mais donner à voir un processus créatif, une identité singulière, un regard. « Montrer son univers est essentiel, car un objet peut déplaire, mais un processus peut séduire », souligne Millie de la Valette. 

 

Recrutement augmenté : entre mots-clés et IA 

Le marché du travail dans le luxe n'échappe pas aux mutations technologiques. Si l'intelligence artificielle effectue désormais une première sélection des candidatures, les mots-clés deviennent stratégiques : parler la langue des annonces est indispensable pour franchir cette première étape. Antoinette Lemens évoque ainsi le cas d'une candidate talentueuse écartée simplement parce que son CV n'utilisait pas le vocabulaire adéquat. 

Le message est clair : chercher un travail est déjà un travail, et la précision du langage est un facteur décisif. 

 

Portfolios, culture et personnalité 

Au-delà de l'IA et des outils numériques, la rencontre humaine reste centrale. Pour Millie de la Valette, un bon portfolio ne doit pas dépasser 30 pages et doit refléter trois dimensions : 

  • L'univers visuel et iconographique (recherches, inspirations, matières, couleurs). 
  • La maîtrise du dessin, des maquettes ou du 3D. 
  • La connaissance technique des logiciels professionnels. 

Mais le portfolio ne fait que préparer le terrain : la personnalité et la culture générale du candidat comptent tout autant. Connaître les directeurs artistiques, les architectes ou l'histoire de la maison est non négociable. L'ignorance, même sur un détail emblématique, peut être rédhibitoire. 

 

Télétravail, diversité et nouvelles pratiques 

Les évolutions récentes — pandémie, digitalisation, nouvelles attentes générationnelles — obligent les maisons à adapter leurs pratiques. Chez Vuitton, le télétravail dépend fortement des directeurs artistiques : certains, comme Virgil Abloh ou Francesca Amfitheatroff, avaient instauré une grande flexibilité en matière de télétravail. Chez Vuitton à Paris en revanche, la plupart des départements, notamment Design, sont tous 100 % en présentiel. 

Quant à la diversité, LVMH défend une ligne claire : le talent prime sur tout le reste, y compris les complexités liées aux visas. 

Transmission et métiers d'excellence 

Le duo insiste sur la question de la transmission. Le luxe ne peut survivre sans les métiers d'art : modélistes, patronniers, artisans joailliers ou maroquiniers. LVMH a ainsi créé l'Institut des Métiers d'Excellence et organise des tournées « You and ME » pour sensibiliser les jeunes — notamment ceux éloignés du luxe — aux savoir-faire. 

Cette revalorisation des métiers techniques séduit de plus en plus de jeunes designers, qui préfèrent parfois la stabilité et la précision du travail dans un atelier à la pression des directions artistiques. 

 

Pression et jeunesse d'esprit 

Dans un secteur où le mercato des directeurs artistiques peut faire fluctuer la valeur boursière d'une maison, la pression est immense. Mais Millie de la Valette rappelle qu'au-delà des diplômes et de l'âge, ce qui distingue un candidat, c'est la jeunesse d'esprit : la curiosité, l'envie d'apprendre, la capacité à se renouveler. 

En guise de conclusion, Antoinette Lemens rappelle : « Restez jeunes d'esprit, soyez passionnés, authentiques et n'ayez pas peur. Dans le luxe, il faut oser être différent. » 

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